Les marais de la Charente-Maritime
![]() Marais salants proches de Royan © Olivier Brosseau - Terra |
Le département de la Charente-Maritime abrite environ 110 000 hectares des quelque 200 000 hectares de marais du Littoral atlantique (du Morbihan à la Gironde). La pérennité de ces milieux repose sur une gestion équilibrée qui associe préservation de la biodiversité et maintien d’une agriculture durable spécifique aux zones humides. |
Situation géographique
Ces marais constituent de vastes zones humides rétro littorales et le long des grands fleuves (la Sèvre Niortaise, la Charente, la Seudre et la Gironde) et de leurs affluents (la Boutonne et la Seugne).
On distingue six grands ensembles : → Le marais Poitevin (doux) alimenté par la Sèvre-Niortaise et le Curé. L’ensemble de ses canaux convergent vers la baie de l’Aiguillon → Les marais de Rochefort Nord : alimentés par le canal de Charras ainsi que par la station du Pont Rouge → Les marais de Brouage : alimentés par l'Arnoult, le canal Charente-Seudre et le canal de Broue → Les marais de la presqu’île d’Arvert et de bordure de Gironde : ils s’écoulent en Seudre ou en Gironde → Les marais de bordure de Charente, de Boutonne et de Seugne (doux) → Les marais de la Seudre et des Iles | |
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Un peu d'histoire : de la gestion traditionnelle aux marais exploités et cultivés
Longtemps évitées et considérées comme inhospitalières, voire hostiles, les zones humides des marais doivent leur richesse au fonctionnement d’un dispositif hydraulique créé et géré par l’homme.
→ Avant les aménagements, les marais littoraux étaient d’anciens golfes marins sillonnés de nombreux chenaux. Ils se sont formés sous l’effet d’une importante sédimentation fluvio-marine qui s’est accumulée formant une épaisse couche d’argile : la brie.
→ Entre le Xe et le XIIIe siècles, les abbayes engagent l'assainissement de ces terres délaissées par les seigneurs, mais les guerres de religion interrompent ces opérations. En 1599, après trois siècles d'abandon, Henri IV promulgue l'édit relatif à "L’assèchement des Marais de France et des Lacs". Pour conduire les opérations, il fait appel à Humphrey Bradley, ingénieur hydraulicien hollandais qu'il nomme "maître des digues du royaume".
→ Fin XVIIIe/début XIXe, Rochefort qui connaît des problèmes sanitaires notamment de paludisme, rétablit les canaux de drainage et reprend les travaux de dessèchement. Une loi impose le regroupement des propriétaires en syndicats de marais responsables de l'entretien des réseaux.
→ Quelques dates des XXe et XXIe siècles
- 1954 : création de l'UNIMA (Union des Marais de Charente-Maritime), syndicat mixte chargé de fédérer une centaine d’organisations syndicales. De nombreux travaux sont entrepris : rénovation des prairies, curage des émissaires, création de nouveaux canaux, reprofilage des fossés, création de chemin d’accès.
- 1961 : l’approvisionnement en eau douce des marais Nord et Sud de Rochefort est sécurisé avec la création du barrage de Saint-Savinien sur la Charente et l’acheminement de l’eau par un canal d’amené (27 km) dit « canal de l'UNIMA ».
- 1966 : création de la ferme expérimentale de l'INRA à Saint-Laurent de la Prée
- 1980 : aménagement des marais de l’Ouest
- 1991 : la prise en compte des enjeux environnementaux aboutit au protocole agriculture/environnement.
Les différents types de marais
Les marais doux (95 000 ha) |
Ils sont exclusivement alimentés par de l’eau douce et réaménagés à des fins agricoles. On distingue :
Il existe deux types de marais desséchés :
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Les marais salés (15 000 ha) |
Ils sont exclusivement alimentés en eau salée par l’intermédiaire d’un réseau de digues, chenaux et "ruissons". En Charente-Maritime, ce sont : les marais de Ile de Ré et de l’Ile d’Oléron les marais de la Seudre; On distingue :
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Le marais : un espace protégé et reconnu
Les marais sont aujourd'hui reconnus comme indispensables aux équilibres naturels et territoriaux. Les bénéfices qu’ils procurent sont multiples : paysages de qualité, biotopes spécifiques, réservoirs de biodiversité ordinaire et remarquable, contribution à la gestion qualitative et quantitative de la ressource en eau.
Mais ces territoires sont soumis à d'importantes pressions anthropiques :
- le drainage (dans les années 1970 et 1980, environ 50% des secteurs de marais du département ont été drainés) : outre l'impact environnemental sur les milieux avec un fort impact sur la qualité de l'eau, ils favorisent les étiages en période estivale et concourent au risque d'inondation en période de pluie
- l'urbanisation des terres hautes qui impacte les zones basses,
- les prélèvements liés à l'irrigation et les manœuvres des ouvrages qui contribuent à diminuer les niveaux d'eau
- le maintien des prairies naturelles lié à l'activité d'élevage en marais est souvent difficile et concurrencé par des usages productivistes
Leur pérennité repose désormais sur une gestion équilibrée qui associe la préservation de la biodiversité au maintien d’une agriculture durable et spécifique aux zones humides.
Les mesures de protection :
- Réserves naturelles nationales
- Sites classés
- Natura 2000 (Directives 92/43/CEE "Habitats" et 79/409/CEE "Oiseaux")
- Arrêté de Protection de Biotope
- "Espaces remarquables" au sens de la loi littoral
- Réserves de chasse
- Reconnaissance mondiale au titre de la convention Ramsar (le fiers d’Ars : 4452 hectares)
Les principales mesures de soutien aux activités durables :
- Mesures agroenvironnementales
- Contrats Natura 2000
- Exonération de la taxe sur le foncier non bâti (TNBF)
La gestion de l’eau
La gestion de l'eau de ces territoires est cruciale et complexe car elle doit prendre en compte plusieurs enjeux antagonistes.
En marais non endigué : échange constant entre le marais, le cours d’eau et les eaux souterraines. En hiver ces zones sont généralement inondées.
En marais endigué (marais littoraux) : la gestion de l'eau est conditionnée à l’exploitation agricole mais aussi aux risques d’inondation des zones situées en amont. Dans ces marais on distingue deux périodes de gestion :
1 – De la fin de l'automne au début du printemps : système ouvert, évacuation des excédents hydriques (pluie, nappes). Certains secteurs peuvent accueillir des crues nourricières sur les systèmes prairiaux.
2 – De la fin du printemps au début de l'automne : la demande hydrique est forte tant pour les usages que pour les milieux, les marais connaissent un fort taux d’évapotranspiration. Le système est clos, il ne laisse plus échapper d'eau à l'aval (fermeture des portes à la mer). A l’exception des zones de tourbières, il y a peu ou pas d’échanges avec les nappes plus profondes (épaisseur des argiles). Les fossés et canaux nécessitent un apport d’eau par le biais de prises d’eau à partir de cours d’eau.
Durant cette période, un arrêté de manœuvre de vannes réglemente la fermeture et l’ouverture des ouvrages à la mer.
Les travaux en marais
Bonnes pratiques des travaux en marais
Dans l’objectif de garantir la protection des milieux et des espèces dans le cadre d’opérations d’entretien et de restauration, le service Eau Biodiversité et Développement Durable a élaboré un guide adapté à l’ensemble des marais de Charente-Maritime.
Il fait le point sur les dispositions réglementaires associées aux travaux dans les marais et les préconisations techniques favorables à la préservation de la biodiversité.
Ce guide a été élaboré en concertation avec les différents acteurs du territoire.
Le protocole marais
Les travaux liés à l'entretien et à la restauration des réseaux hydrographique de marais qui ne sont pas soumis à la Loi sur l'eau sont encadrés depuis le 6 décembre 1991 par le protocole de gestion et d'aménagement concertés des marais de la Charente-Maritime adopté par l’État, le conseil général et la chambre d'agriculture.
Les travaux concernés par ce dispositif doivent bénéficier de financements publics ou être sous maîtrise d'ouvrage public.
Les bénéficiaires doivent déposer une fiche protocole marais soumise à l'avis du Groupe cantonal composé des services de l’État et des représentants de l'ensemble des acteurs des marais.
Le Groupe cantonal a vocation à examiner tous les travaux d’entretien des fossés, canaux et des ouvrages situés en marais en veillant à la prise en compte des enjeux écologiques.
Le financement de ces opérations par des fonds européens et le conseil général est conditionné à l'avis favorable du groupe cantonal.
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